Chaque semaine les scénarios des économistes évoluent : fin février, nous avions un ralentissement économique mondial, mi-mars une récession modeste et fin mars un effondrement économique global suivi d’une vive reprise au second semestre 2020.

Mais en réalité, le scénario économique va dépendre à son tour des questions auxquelles nous n’avons pas encore de réponses : combien de temps va durer le confinement et la remise au travail des populations ? Quelles seront les mesures sanitaires ensuite et jusqu’à quand ? La confiance des populations et donc l’envie de dépenser reviendront elles rapidement ?

Dans les lectures financières actuelles, deux théories s’opposent : celle de certains économistes (plutôt pessimistes) et celles des analystes financiers (peut-être trop optimistes). Les premiers pensent que la crise sera plus longue et plus profonde et les seconds espèrent une sortie rapide de la crise et pensent que le pire de la correction est derrière nous.

En voici l’illustration, avec un petit rappel historique, en comparant la grande crise financière de 2008 et la situation actuelle :

La correction engagée sur les marchés financiers en septembre 2008 ne s’est terminée qu’en mars 2009, avec une reprise des marchés entre novembre et février 2009.

Exemple : le CAC 40 a perdu -41% entre Septembre 2018 et Mars 2009, alors que sur la période novembre 2008 à février 2009, il avait repris +21%.

Est-ce que ce schéma peut se reproduire en 2020 ? Il faut conserver à l’esprit que les reprises avortées des marchés sont courantes dans les périodes de récessions économiques.

Réalisons maintenant un focus sur les perspectives bénéficiaires des entreprises :

Les analystes financiers maintiennent actuellement des prévisions très flatteuses. Selon le consensus de Morgan Stanley, les bénéfices de l’indice américain S&P500 (500 plus grosses entreprises américaines) ne seraient amputées que de l’ordre de 3 à 4% au premier trimestre 2020, et au second trimestre ils ne seraient inférieurs que de 6 à 7% à ceux du second trimestre 2019, avec un rattrapage rapide sur la fin de l’année 2020.

Rappelons que lors de la crise financière 2007/2008, les prévisions bénéficiaires à 12 mois des entreprises n’ont cessé de se dégrader pendant 19 mois après leur plus haut pour atteindre une baisse de 40%, baisse effectivement constatée sur les bénéfices de 2008 par rapport à 2007.

La baisse anticipée de l’ordre de 10% des bénéfices de 2020 comparées à ceux de 2019 peut donc surprendre.

Comment expliquer que lors de la grande crise financière de 2008, un recul de 2% du PIB aux USA a provoqué une chute de 40% des bénéfices et une correction des marchés financiers de 55% sur 2 ans.

Actuellement, les prévisions tablent sur un recul de 3% à 4% du PIB aux USA (quasiment deux fois plus qu’en 2008), qui provoquerait simplement une chute de 10% à 20% des bénéfices et une correction des marchés financiers du même ordre … Etonnant !!!!

Et maintenant … que peut-il se passer dans les prochaines semaines ?

Les points positifs des prochains jours seront à aller chercher du côté du domaine sanitaire : le nombre de contaminés et de morts diminue en Europe et même si les Etats-Unis deviennent actuellement l’épicentre de l’épidémie, la situation sanitaire devrait s’améliorer d’ici fin avril.

Cependant, il sera difficile d’avoir de nouvelles initiatives des banques centrales et des états, tant les efforts réalisés depuis le début de la crise et les milliards injectés sont déjà faramineux.

Il est fort possible que les mauvaises nouvelles s’accumulent au fil des semaines : chiffres macroéconomiques difficile à digérer, résultats des entreprises en très forte baisse (surtout les prévisionnels), dégradations de la notation des états et des entreprises par les agences de notation…

Notre conseil :

Après avoir passé la phase de dislocation (phase de surprise et de liquidation de positions), les marchés financiers sont entrés dans la phase d’agitation : que cela implique-t-il ?

Les indices boursiers devraient retester les points bas dans les semaines ou mois à venir. Mais iront-ils encore plus bas ? Ce n’est pas à exclure. Penser que nous ne verrons pas de point plus bas sur les indices boursiers, c’est penser que le pire est déjà intégré par les marchés financiers, que le consensus est suffisamment dégradé et que nous ne pouvons plus être surpris négativement. Or l’incertitude ne porte plus sur l’ampleur de la récession (il est acquis qu’elle est mondiale et d’une grande amplitude) mais sur la trajectoire de la reprise. A quelle vitesse les économies vont-elles revenir au niveau d’avant crise ?

Le risque d'un repli à venir est d'autant plus important que la récession qui se profile menace d'être la plus brutale depuis la Seconde Guerre mondiale, que la valorisation boursière des entreprises demeure élevée et qu'une forte contraction de leurs bénéfices est à attendre.

Ainsi faut-il sans doute se garder de crier victoire trop vite : les marchés des actions demeurent fragiles. Les premiers chiffres économiques du mois de mars outre atlantique sont catastrophiques et les Etats -Unis vont connaître un second trimestre très difficile.

Mais il est possible de reprendre progressivement du risque dans vos allocations.